En avril, les étoiles brillantes de l’hiver se couchent au crépuscule pour laisser place aux galaxies se levant à l’Est.
Pour ceux qui sont entre les moyennes et les hautes latitudes, gardez aussi un oeil sur l’aurore. Alors qu’on sort de la saison d’equinoxe; le Soleil a lancé son coup d’envoi des éruptions avec un évènement de classe X1 en direction de la Terre. Le cycle solaire #25 bat désormais son plein.
Le ciel d’Avril
Les soirs d’avril dans l’hémisphère nord sont le théâtre d’un ciel en transition, avec le coutumier Hegaxone d’Hiver qui met cap sur l’ouest, tandis que des groupes de galaxies comme l’amas de la Vierge, la chevelure de Bérénice et la Grande Ourse se lèvent à l’est. Il vous sera presque inévitable de croiser le chemin d’une galaxie en scrutant du côté du Grand Diamant de la Vierge. La brillante Arcturus ponctue la scène, une intruse du lointain halo galactique qui rend une visite impromptue à notre voisinage galactique à l’époque actuelle, à une distance de seulement 37 années-lumière.
Dans l’hémisphère sud, les nuits d’avril se parent de la très photogénique voûte allant de Sirius et Canopus à l’ouest, la Croix du Sud et l’iconique nébuleuse du Sac de Charbon dominant au zénith, et l’Alpha du Centaure à l’ouest. La forme en S de la constellation du Scorpion fait également son ascension, s’accompagnant de la promesse des constellations estivales situées au coeur de la galaxie dans la constellation du Sagittaire.
Chaque mois d’avril est le témoin de la reconstitution de la mort du grand glorieux chasseur de la mythologie grecque Orion. Alors qu’il s’estompe au crépuscule, son ennemi juré le Scorpion pointe à l’Est.
Anecdote: Le ciel du printemps est certes copieusement garni de galaxies, mais point de conclusion hâtive. Une mission suborbitale nommée CIBER (Cosmic Infrared Background Experiment ) a mesuré la brillance du fond diffus infrarouge en 2012 et révélé un fait remarquable: Il y a plus d’étoiles qui voguent librement dans l’univers que nous le pensions.
La Lune en avril 2022
La nouvelle lune fait son entrée dans une rigoureuse conjoncture calendaire le 1er avril, et une deuxième fois avec cette même rigueur implacable à la fin du mois le 30 avril. Cela fait d’avril un mois à « lune noire », en ce sens que c’est un mois à double nouvelle lune. La nouvelle lune de ce week-end est également une bonne entrée en matière pour courir un Marathon de Messier, une occasion de capturer avec les stations d’observation Stellina et Vespera l’intégralité des 110 objets recensés dans le catalogue de Charles Messier. Enfin, l’observation du fin croissant de lune à la tombée de la nuit du 2 avril marquera le début du mois de ramadan pour les musulmans, un temps de jeûne durant les heures diurnes, suivi chaque soir d’un temps de célébration au moment de rompre le jeûne.
La Lune éclipsera partiellement le Soleil pour nos explorateurs situés à la pointe sud de l’Amérique latine le 30 avril, marquant le commencement de la première saison des éclipses de 2022.
Le Soleil partiellement éclipsé se levant au-dessus du Vehicle Assembly Building au Centre Spatial Kennedy en Floride. Credit: Dave Dickinson
Les planètes à observer en février 2022 : vous devez vous lever tôt en mars pour attraper les planètes à l’œil nu, car Mars, Vénus, Saturne et maintenant Jupiter s’attardent tous à l’aube. Seule l’effrénée Mercure manquera à l’appel de l’aurore en ce qui concerne les planètes visibles à l’oeil nu. Deux conjonctures planétaires sont à relever à la toute fin d’avril: Neptune frôlera d’occulter l’éclatante Vénus en passant à seulement 8’’avec une frêle magnitude de + 8 le 27 mars, tandis que Jupiter et Vénus se rendront une visite familiale tout en maintenant une distance de sécurité de 12’ au matin du 30 avril.
Le ciel au matin du 27 avril.Credit: Stellarium.
Les météores de février : les Lyrides d’avril sont l’une des très rares pluies de météores du printemps qui valent l’observation. Résultat des passage de la comète C/1861 G1 Thatcher, la pluie céleste irradiera le ciel depuis un point très proche de l’étincelante étoile Véga dans la constellation de la Lyre. En 2022, attendez-vous à un taux horaire zénithal maximal d’environ 15 Lyrides par heure autour du matin du 23 avril.
Le comètes : s’il n’y a pas d’événement majeur à signaler en ce qui concerne les comètes, on relève un recrudescence de « pelotes » à une magnitude de +10 pour les observateurs crépusculaires de l’hémisphère nord: 19/P Borrelly dans la constellation du Bélier, C/2019 L3 ATLAS dans la constellation des Gémeaux, et 104P/Kowal dans celle du Taureau.
La comète de Borrelly, prise avec un télescope Stellina de Vaonis.
La comète C/2021 O3 PanSTARRS atteindra son périhélie à 0,29 UA du Soleil le 20 avril, à une magnitude de +5,17 degrés du soleil dans la constellation de la Baleine, et la comète 45P/Honda-Mrkos-Pajdusakova atteindra son périhélie à 0,53 UA du Soleil le 26 avril, avec une magnitude de +9 dans la constellation du Bélier, à 8 degrés du Soleil dans le ciel vespéral.
Zoom sur le ciel profond (hémisphère nord) : la nébuleuse du Crabe M1, le tout premier objet recensé dans le catalogue du ciel profond de Messier, est également l’un des plus intrigant. Messier 1 était le berceau de la fameuse « étoile du jour » relevée par les astronomes chinois en 1056 AV. JC., une supernova éclatante qui donna comme vestige une nébuleuse rémanente et un pulsar.
La nébuleuse du Crabe (Messier 1) dans la constellation du Taureau, prise avec un télescope Stellina de Vaonis.
Zoom sur le ciel profond (hémisphère sud) : l’amas globulaire M79, une perle bien souvent délaissée de magnitude de +8,5, fait encore sa ronde haut à l’ouest les soirs d’avril. Situé au pied de la constellation du Lièvre à 4° au sud de la brillante étoile Beta Lupi, M79 est à 42 000 années-lumière, et c’est aussi un membre du halo galactique qui prolonge la Voie Lactée. Souvent oublié au nord, Messier 79 offre un charmant paysage télescopique.
L’amas globulaire Messier 79 dans la constellation du Lièvre, pris avec un télescope Stellina de Vaonis.
Objet défi (hémisphère nord) : NGC 2419 Le vagabond intergalactique – Vous voulez voir quelque chose de vraiment sombre ? Un lointain amas stellaire dans la constellation du Lynx pourrait bien vous satisfaire. On fait souvent référence à NGC 2419 sous l’appellation du « Vagabond intergalactique », en raison de sa distance estimée à environ 300 000 années-lumière. Est-il tenu en otage par les charmes gravitationnels de la Voie Lactée, où réellement en errance dans l’Univers ? NGC 2419 s’étale sur 5’ et brille à une magnitude de +9. Imaginez un instant la vue depuis l’amas, se retournant sur la Voie Lactée !
Objet défi (hémisphère sud) : La galaxie NGC 2997 dans la constellation de la Machine PneumatiquePompe, Antlia – On dit souvent que toutes les bonnes galaxies sont situées au Nord… Toutes? Non! Une irréductible galaxie qui défie la tendance se trouve dans la constellation sudiste d’Antlia, dite « la pompe ». NGC 2997 est une belle galaxie en spirale vue de face d’une magnitude +9, située à 9 degrés à l’ouest de l’étoile Alpha Antlia. Une distance de 45 millions d’années-lumière nous sépare.
NGC 2997 dans le ciel. Credit: Stellarium.
Les grands événements astronomiques d’avril 2022
1-Nouvelle lune
2-Date du Marathon Messier
3-Occultation d’Uranus par la lune
5-Mars à 18’ de Saturne
12-Jupiter à 6’ de Neptune
16-Pleine lune
20-La comète C/2021 O3 PanSTARRS atteint son périhélie
22-Pic météorique avec les Lyrides
26-La comète 45P/Honda-Mrkos-Pajdusakova atteint son périhélie
27-Vénus à 8’’ de Neptune
29-La plus grande élongation de Mercure à 20 degrés à l’est (crépuscule)
30-Une éclipse solaire partielle à 64% (à la faveur des observateurs de la pointe sud de l’Amérique latine et du Pacifique)
30-Nouvelle lune (lune noire)
30-Vénus à 12’ de Jupiter
