La constellation de nano-satellites Spire, unique en son genre, fournit la météo spatiale en temps réel.

Parfois, pour observer l’espace, il faut savoir baisser les yeux. Ce principe s’applique particulièrement à la météorologie spatiale, souvent marquée par les interactions de notre planète avec notre soleil et ses vents fréquents. À l’ère de la mondialisation et de la technologie, notre société moderne est de plus en plus fragile face aux phénomènes de la météorologie spatiale, dans un contexte où le cycle solaire 25 s’annonce intense.

Et les satellites Spire furent

Modéliser et comprendre les phénomènes observés à travers le monde : tels sont les objectifs de Spire Global Inc. et sa constellation de satellites Lemur. Héliosynchrone et placé dans l’orbite terrestre basse (OTB), le premier satellite Lemur a été lancé par une fusée russe Dnepr en 2014. 110 satellites plus tard, seule la constellation Starlink de SpaceX est plus nombreuse que la constellation de Spire.

Spire met en avant l’aspect innovant des données produites par son système : transmises directement « de l’espace vers le cloud », elles constituent une source fournie de modèles météorologiques pour l’industrie maritime, l’aviation et d’autres outils. Pour cela, Spire utilise une série d’instruments qui analysent en temps réel une tranche de l’atmosphère située sous les satellites. Caractéristique cruciale dans le domaine de la météo spatiale, Spire modélise même l’ionosphère via des occultations radio au-dessus de l’horizon. Il faut savoir que souvent, des turbulences (appelées scintillations) peuvent perturber, voire totalement déboussoler les GPS, surtout lorsque l’activité solaire est intense.

À noter que les données analytiques de Spire sont en accès libre. La National Oceanic and Atmospheric Administration américaine a récemment signé un contrat avec Spiral Global pour obtenir des données quotidiennes via l’occultation radio, l’objectif étant d’améliorer l’exactitude des prévisions météorologiques dans le monde entier. C’est la première fois que la NAOO acquiert une telle quantité de données météorologiques grand public.

Cette météorologie dans le cloud promet de jouer un rôle important à mesure que le cycle solaire 25 montera en puissance. En effet, notre Soleil traverse un cycle de 11 années ponctuées de taches solaires et d’inversions de la polarité nord-sud sur une période de 22 ans décrite par Hale. Le cycle solaire 24, le moins intense du XXe siècle, nous a offert un certain répit. Néanmoins, à en juger par le début de l’année 2021 et les récentes taches solaires, le cycle 25 pourrait être intense, lors de son niveau maximal en 2025. Déjà cette semaine, plusieurs groupes de taches solaires volumineuses (un record ces dernières années) sont visibles en direction de la Terre.

La météo spatiale et la crainte d’une petite catastrophe pour la Terre

Tout un arsenal de satellites météo et d’observatoires aux quatre coins du monde surveillent le soleil 24 heures sur 24. De fait, l’activité de l’ionosphère présente un intérêt déterminant. Une éjection de masse coronale en direction de la Terre de type éruption X peut aveugler les satellites et obliger l’équipage de la Station spatiale internationale à s’abriter au centre de l’ISS. Sur Terre, une éruption solaire intense peut entraîner des aurores boréales loin des pôles et semer le chaos parmi les lignes de communication et de transmission. C’est ainsi qu’en 1859, lors de l’événement de Carrington, les télégraphes ont pris feu et les aurores boréales ont été visibles jusque dans les Caraïbes. Inutile de préciser que de nos jours, dans notre société dépendante des technologies, une telle éruption serait une petite catastrophe.

D’où l’importance cruciale de surveiller la météo spatiale. Or la constellation innovante de nanosatellites Spire comble précisément des lacunes dans notre compréhension de l’environnement météorologique spatial qui nous entoure.