Découvert le 17 octobre 2017, Oumuamua (1U/2017 U1) avait fait la une des médias scientifiques puisqu’il fut le tout premier corps céleste étranger provenant d’une autre étoile, de passage dans notre système solaire. Initialement nommé en tant que comète (C/2017 U1), les scientifiques avaient rectifié sa dénomination le 26 octobre 2017 pour le considérer comme un astéroïde puisqu’aucune éjection de poussières caractéristique n’apparaissait sur les images. Une récente étude vient d’être publiée et pourrait bien défendre l’idée qu’Oumuamua soit finalement une comète !

Des éjections de gaz et de poussières

Le 27 juin 2018, un article officiel est paru dans la célèbre revue scientifique « Nature » expliquant que l’astéroïde libérerait de petites quantités de gaz, suffisantes pour agir comme des propulseurs pouvant modifier son mouvement, sa vitesse et sa rotation. Un tel phénomène est principalement rencontré sur des comètes.

La distinction entre comètes et astéroïdes repose uniquement sur l’activité et la production de poussières ou de gaz. Un astéroïde est majoritairement composé de roches et n’émet aucun dégazage donnant lieu à une chevelure caractéristique des comètes.

Cette découverte intrigante rassemblant des scientifiques internationaux est le résultat d’observations menées à l’aide des télescopes les plus puissants de la planète : le télescope spatial Hubble, les télescopes terrestres Canada-France-Hawaii, Gemini Sud et le Very Large Telescope (VLT) au Chili.

Pour parvenir à cette conclusion, les astronomes ont dans un premier temps essayé d’anticiper la trajectoire de l’astéroïde en calculant les effets d’attractions gravitationnelles causés par le soleil et les planètes de notre Système Solaire. Étonnamment, ils ont remarqué que la position théorique d’Oumuamua possède un écart de 40 000 kilomètres ainsi qu’une vitesse beaucoup plus faible par rapport à ce que montrent les observations.

C’est donc en étudiant avec grande précision l’évolution de la position d’ Oumuamua, que cette équipe, dont le principal contributeur est Marco Micheli (Agence Spatiale Européenne), a pu constaté qu’une caractéristique intrinsèque de l’astéroïde aurait causé cette augmentation de vitesse et déviation de trajectoire. Aucun soupçon n’était porté sur cette force interne puisqu’aucune traînée de matière n’a été détectée sur les images. Bien que ténus, ces jets de gaz et de poussières auraient été suffisants pour servir de propulseurs naturels sur l’astéroïde. En règle générale, de tels phénomènes sont observés sur des comètes avec une plus grande intensité.

Actuellement, puisqu’Oumuamua est le premier objet interstellaire de ce type à pénétrer dans le système solaire, se prononcer sur sa nature définitive reste encore délicate. L’article scientifique officiel ne s’engage pas avec certitude sur la nature cométaire de Oumuamua, bien qu’il présenterait les caractéristiques d’une activité similaire à celle d’une comète. Les astronomes espèrent donc découvrir d’autres corps célestes semblables afin de confronter les résultats et de déduire si Oumuamua serait plutôt une comète qu’un astéroïde.

Un astéroïde qui a toujours retenu l’attention des astronomes

Oumuamua est un objet fascinant, qui n’a pas livré tous ses secrets. Au moment de sa découverte, les astronomes avaient déjà mesuré sa trajectoire extrêmement étirée qui n’avait jamais été rencontrée auparavant pour un objet situé dans le système solaire. Cette caractéristique appelée excentricité a une valeur égale à 1.19, signifiant que le mouvement d’Oumuamua est fortement elliptique, alors que la plupart des comètes ou astéroïdes présentent une excentricité autour de 0.2-0.7 dont l’orbite est assimilable à un cercle. C’est en raison de cet allongement de trajectoire que les scientifiques avaient déduit qu’Oumuamua provenait d’un autre système planétaire, en direction de la constellation de la Lyre.