La mission japonaise Phobos pourrait rapporter le premier échantillon de Mars

Une ambitieuse mission vers la lune martienne Phobos pourrait également permettre de recueillir des échantillons de la planète rouge.

Une conception d’artiste de MMX s’approchant de Phobos. JAXA

La course est lancée, au cours de la prochaine décennie, pour ramener sur Terre des échantillons de Mars afin de les étudier. Alors que le rover chinois Zhurong explore la surface martienne et que le rover Persévérance de la NASA collecte activement des échantillons dans le cratère Jezero en vue d’une mission de retour d’échantillons dans les années 2030, la mission Mars Moon eXploration (MMX) de l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale (JAXA) pourrait bien remporter le jackpot.

Nous commençons à voir la mission JAXA MMX prendre forme cette année. La mission internationale serait lancée par une fusée H3 de Mitsubishi Heavy Industries depuis le Centre spatial de Tanegashima en septembre 2024. La H3 est actuellement en cours de développement pour son lancement inaugural avec les satellites ALOS-3 et ALOS-4, début 2022. La mission se rendrait sur Mars pour atteindre la lune martienne la plus éloignée, Phobos, s’y poser et revenir sur Terre avec des échantillons en 2029.

Découvrez notre nouvelle vidéo en images de synthèse pour la mission Martian Moons eXploration (MMX) ! Elle a été dévoilée pour la première fois lors de nos discussions en ligne, mais est maintenant disponible sur le canal #JAXA de YouTube. Du lancement à l’échantillonnage et au voyage de retour, nous sommes impatients de commencer le vrai voyage ! ? Hi-Res : https://t.co/Rtj2o5ynQU pic.twitter.com/ewc8sIJHXQ

– Lunes martiennes @JAXA (@mmx_jaxa_en) 19 août 2021

Le chef de projet Yasuhiro Kawakatsu a annoncé le plan de la JAXA de collecter au moins 10 grammes de matériaux sur Phobos pour un retour sur Terre. Tomohiro Usui a également déclaré l’été dernier que jusqu’à 0,1 % des matériaux de surface de Phobos pourraient provenir de Mars elle-même, soulevés par des tempêtes de poussière ou des impacts. Nous observons occasionnellement des météorites de Mars parvenant à la Terre de la même manière. L’étude des matériaux provenant de Phobos pourrait également permettre de mieux comprendre l’origine des deux lunes martiennes : Phobos et Deimos sont-ils des astéroïdes capturés ou des fragments de Mars elle-même ?

Bien que la JAXA soit le principal responsable de la mission, d’autres agences spatiales du monde entier y participent également. La NASA fournira l’équipement MEGANE (qui signifie « lunettes » en japonais) pour Mars-moon Exploration, le spectromètre à rayons X et à neutrons. L’Agence spatiale européenne (ESA) fournira les composants de communication pour le vaisseau spatial, ainsi que le suivi de l’espace lointain via son réseau mondial et les missions déjà en orbite disponibles pour le relais, comme Mars Express et Mars Trace-Gas Orbiter.

Le Centre national d’études spatiales (CNES) développera également le Spectromètre infrarouge MMX (MIRS) pour la mission et participera à la construction d’un petit rover pour la mission avec le Centre aérospatial allemand (DLR). Ceci intervient alors que la JAXA tiendra un symposium ce mois-ci, le 27 novembre, pour parler de l’avenir de l’agence spatiale, notamment de la mission MMX.

La JAXA a déjà acquis une certaine expérience en matière de retour d’échantillons d’astéroïdes, notamment avec sa mission Hayabusa-1 de 2010 sur l’astéroïde 25143 Itokawa, et la Mission Hayabusa-2 de retour de 162173 Ryugu. Ce serait également la première mission martienne réussie pour la JAXA et le premier atterrissage sur Phobos.

La mission Nozomi de la JAXA n’a pas réussi à se mettre en orbite autour de Mars en 2003, et la mission russe Phobos-Grunt est restée bloquée en orbite terrestre en raison de la défaillance de l’étage supérieur Fregat et est rentrée dans l’atmosphère terrestre le 15 janvier 2012.

Phobos, imagée par l’orbiteur Mars Express de l’ESA. ESA

Phobos est certainement un monde bizarre, qui mérite une étude plus approfondie. Les missions de la NASA et de l’ESA au-dessus de la lune montrent un rocher en forme de pomme de terre, lourdement strié. Phobos tourne autour de Mars toutes les 7 heures et 39 minutes, plus vite que la planète ne tourne sur elle-même, ce qui signifie que depuis la surface de Mars, Phobos se lèverait à l’ouest pour se coucher à l’est. Des engins de recherche, dont Curiosity, ont en effet observé le transit de Phobos devant le Soleil et ont utilisé les mesures pour comprendre et affiner les orbites de cette lune capricieuse.

Phobos en transit sur le Soleil, vue depuis le Curiosity Rover de la NASA. NASA

De plus, Phobos ne pourra pas continuer à jouer ce rôle éternellement. Dans environ 30 à 50 millions d’années, la lune se disloquera, s’écrasera sur Mars et formera peut-être un bref anneau autour de la planète rouge… mais pour l’instant, nous pouvons suivre le voyage aller-retour de la passionnante mission MMX vers Mars.