Les fumées de météores : source d’un élément clé

Les fumées de météores : source d’un élément clé ? Une récente mission de la NASA pourrait avoir résolu le mystère des fumées de météores grâce à SOFIE.

Observez le ciel nocturne assez longtemps, et vous en verrez forcément un. Tous les soirs, il est fréquent de voir un météore passer silencieusement. Ces météores proviennent d’anciens flux de particules de poussière en orbite autour du soleil, déposés par des comètes et des astéroïdes. La Terre traverse chaque jour ces courants, y creusant un tunnel de 12 750 kilomètres de large sur sa trajectoire autour du soleil.

Lorsque ces grains de poussière cosmique brûlent, ils se dissipent dans l’atmosphère terrestre. Jusqu’à récemment, cette « fumée de météore » était difficile à étudier, car elle reste en grande partie dans l’atmosphère ténue, se mélangeant doucement et progressivement avec les couches inférieures. Les détecteurs installés sur des ballons et des fusées sub-orbitales n’ont fait que suggérer son existence.

Les « fumées de météores » : source d’un élément clé selon la NASA.

Nuages noctulescents de haute altitude, vus depuis l’ISS. Crédit : NASA

Ces dix dernières années, cependant, une mission a pu effectuer une première étude de cette couche peu connue. L’expérience d’occultation solaire pour la glace de la NASA (Solar Occultation for Ice Experiment, SOFIE) a été lancée sur la mission d’observation de la Terre de la NASA Aeronomy of Ice in the Mesosphere (AIM) en 2007. Depuis son point d’observation dans l’orbite terrestre basse, SOFIE scrute la fine région crépusculaire située juste au niveau du limbe de la Terre et éclairée par le soleil. Cela lui permet de voir de minuscules particules d’aérosol en suspension dans l’atmosphère.

Les fumées de météores : source d’un élément clé ?

Cela permet également à SOFIE d’identifier le spectre de la fumée insaisissable des météores, en détectant des éléments clés tels que le magnésium, le fer, le silicium et l’oxygène. La Terre récupère chaque jour entre 2 et 200 tonnes de poussière et de matière spatiale. Les données de SOFIE pourraient aider les scientifiques non seulement à affiner ce chiffre, mais aussi à comprendre sa composition.

« Cela constitue une avancée considérable, même si nous avions toute une série de réponses possibles, a déclaré Mark Hervig (AGCS Inc.) dans un récent communiqué de presse. Dans notre atmosphère, il persiste des questions et des mystères dans lesquels la fumée des météores pourrait jouer un rôle… Ce serait vraiment une découverte pivot. »

Heureusement, les chercheurs disposent d’une autre source de comparaison : la poussière de météore recueillie dans les plaines hautes et sèches de l’Antarctique par une récente expédition de l’université de Leeds, au Royaume-Uni. Il s’est avéré que la matière recueillie lors de cette étude était constituée du minéral olivine, et contenait la même proportion de magnésium, de silicium et d’oxygène que celle observée par la mission SOFIE.

L’impact de la fumée des météores

Ces deux mesures clés ont permis aux scientifiques de revoir la quantité de matière entrant quotidiennement dans l’atmosphère terrestre et de la ramener à environ 25 tonnes par jour, ce qui correspond à la partie basse de la plage de valeurs initialement évoquée. Ceci dit, la fumée de météore pourrait avoir de nombreux autres rôles dans l’environnement.

L’un de ces rôles est la formation de nuages noctulescents ou iridescents de haute altitude. On les voit briller dans le ciel à des latitudes élevées au crépuscule, et leur nombre augmente pendant l’été. Les molécules d’eau et la glace sont la source présumée de ces nuages noctulescents, qui requièrent une particule minuscule autour de laquelle se développer. Une source possible (avec les gaz d’échappement des fusées) est la fumée de météore. La présence des nuages noctulescents semble avoir augmenté au cours du siècle dernier, peut-être en raison de la hausse de l’humidité dans l’atmosphère suite au réchauffement climatique.

(Météore) Fumée sur l’eau

La fumée de météore pourrait même jouer un rôle clé dans la propagation de la vie sur Terre. Plus précisément, le processus de production d’énergie de la photosynthèse nécessite l’élément fer… mais pour le plancton en mer, le fer est souvent rare. Si une partie de cet élément clé est apportée par la poussière et le sable des déserts terrestres, les chercheurs ont récemment suggéré une autre source de fer : la pluie régulière de fumée de météores.

Cette source cosmique pourrait bien fournir un élément clé nécessaire à la vie sur Terre. Une pensée fascinante à envisager la prochaine fois que vous verrez une traînée de fumée après le passage d’un bolide illuminant le ciel nocturne.