BepiColombo survole Mercure pour la première fois

La mission conjointe de l’Agence Spatiale Européenne et du Japon à destination de Mercure s’est approchée de la planète la plus proche du soleil le week-end dernier.

Mercury

Mercure (annotée) vue par BepiColombo vendredi dernier. Credit: ESA

Bienvenue sur Mercure. Une mission ambitieuse a survolé pour la première fois sa destination finale vendredi dernier, lorsque BepiColombo, la sonde conjointe des agences JAXA/ESA, s’est approchée de la planète la plus proche du soleil.

Le survol a eu lieu le vendredi 1er octobre à 23h34 UT (1h34 le 2 octobre, heure de Paris), date à laquelle l’engin spatial a frôlé la surface de Mercure à une distance de seulement 199 kilomètres. Les images retransmises ont montré une surface ponctuée de cratères, qui n’était pas sans rappeler celle de la lune.

Le nom « BepiColombo » est un hommage au scientifique et mathématicien italien du XXe siècle Giuseppe « Bepi » Colombo, à qui l’on doit l’assistance gravitationnelle utilisée aujourd’hui sur les missions planétaires. Pour son lancement depuis le Centre spatial guyanais le 20 octobre 2018, l’engin spatial était installé sur une fusée Ariane 5. En réalité, il se compose de deux sondes : Mercury Planetary Orbiter (MPO) de l’Agence spatiale européenne et Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO) de la JAXA, empilés l’un sur l’autre.

Lors du survol, les caméras du Module de transfert vers Mercure étaient orientées vers l’arrière, montrant la perche à instruments au premier plan.

Malheureusement, le survol le plus proche s’est fait derrière la face cachée de Mercure, dans la nuit. Néanmoins, quelques minutes plus tard, BepiColombo a capturé des images le long du terminateur, et ce pendant environ quatre heures.

Se placer en orbite autour des planètes du système solaire n’est pas chose aisée, et BepiColombo devra effectuer neuf survols planétaires avant d’atteindre cette position, le 5 décembre 2025 : un survol de la Terre (effectué en avril 2020), deux survols de Vénus (déjà faits également) et six survols de Mercure. Le deuxième survol de Mercure est prévu le 23 juin 2022.

« Le survol s’est déroulé sans encombre du point de vue de l’engin spatial, et il est incroyable de pouvoir enfin observer notre destination, » s’enthousiasme Elsa Montagnon (responsable des opérations pour l’engin spatial de l’ESA) dans un récent communiqué de presse.

Si en surface, Mercure ressemble à notre lune, elle est en réalité beaucoup plus dense et ne rappelle en rien les hauts plateaux lunaires, dont la lumière accroche l’œil. Au contraire, Mercure est presque uniformément sombre.

Parce qu’elle est proche du soleil, Mercure a toujours été difficile à observer via les télescopes terrestres. La sonde Mariner 10 de la NASA nous a offert les premières bonnes images de Mercure lorsqu’elle a survolé la planète le 29 mars 1974, parvenant à cartographier environ 45 % de la surface de Mercure en gros plan au fil de trois survols. En 2011, la sonde MESSENGER de la NASA est devenue la première et unique mission à se placer en orbite autour de Mercure, cartographiant et explorant la planète jusqu’au 30 avril 2015, date à laquelle elle est devenue le seul objet humain à percuter Mercure.

BepiColombo reprendra le flambeau de l’exploration de Mercure dans les années à venir, elle qui doit sonder la planète depuis son noyau jusqu’à son champ magnétique et son exosphère ténue. Les missions précédentes ont révélé les vestiges d’une activité volcanique et de bombardements intenses. Mercure pourrait-elle être issue d’un noyau planétaire ayant subi un impact majeur au début de l’histoire du système solaire ? Comporte-t-elle actuellement une activité volcanique ou des dégazages ? L’équipe BepiColombo de l’ESA espère répondre à ces questions et plus encore.

À plus long terme, l’agence Roscosmos entrevoit même de se poser sur Mercure avec son Mercury-P dans les années 2030. En sachant que les étapes habituelles de l’exploration planétaire sont le survol, l’orbite, puis l’atterrissage, une telle mission s’appuierait sur les connaissances acquises lors des missions précédentes, telles que BepiColombo.

Nous ne manquerons pas de suivre la mission captivante de l’ESA et de BepiColombo autour de Mercure.